Une histoire de plus de 200 ans
Le Clos saint Abram est une propriété ancienne dont on ignore la date de construction. Elle a été bâtie toute en pierre dorées, probablement avec les pierres de la carrière proche de Bagnols sur la même colline à quelques centaines de mètres. La bâtisse figure déjà sur la feuille de cadastre napoléonien de Frontenas établie en 1827. Au vu du dessin de la maison sur ce plan cadastral, le cuvage n'existait pas à cette époque : il a, plus certainement, été construit fin du 19 ème siècle, début du 20 ème, années fastes pour la production viticole en beaujolais.
Le Clos saint Abram a eu différents propriétaires au cours du temps. Beaucoup n'ont pas habité pas la maison, ce qui fait qu'elle s'est peu à peu dégradée. Une rénovation importante concernant le gros oeuvre a été réalisée dans les années 1990, ce qui a permis de sauver la bâtisse. Puis, cinq années, de 2008 à 2013, ont été nécessaires pour remettre en valeur l'intérieur des bâtiments et repaysager les abords de la maison.
Jusqu'en 2017 les parcelles du Clos saint Abram entourées de murets en pierres sèches étaient couvertes de vigne. Les raisins récoltés étaient vinifiés dans le cuvage du Clos saint Abram.
Fin 2017 les vignes ont été remplacées par des prairies. Lors de l'arrachage des vignes un ancien puits en pierre a été redecouvert. Pour le protéger une cadole (construction traditionnelle en pierres sèches c'est à dire sans aucun liant) a été construite au-dessus du puits par une seule et même personne, spécaliste des constructions en pierres dorées. Cette cadole est devenue un élément remarquable du paysage frontenassien.
Des clôtures ont été posées sur les prairies et des haies bocagères plantées le long des clôtures. Les animaux (lamas, chevaux, bovins) sont arrivés au printemps 2020.
Clos saint Abram, une bâtisse toute en pierres dorées témoin de l'histoire,
vivante et lumineuse dans le sud du beaujolais
Le secret des pierres dorées, la petite toscane française
La pierre de Couzon -petite ville en bord de Saône à environ 10 km au nord de Lyon-, dite aussi « pierre dorée » dans le Beaujolais, est un calcaire à entroques de couleur « d’un beau jaune nankin plus ou moins foncé » (Mazenot, 1936). Elle a donné son nom au petit massif du Mont-d’Or, à la Croix-Rousse de Lyon et plus récemment à la région sud du Beaujolais.
C’est une pierre d’environ 180 millions d’années née au fond de la mer d’un amoncellement de débris, de coquilles et de squelettes calcaires d’animaux dans lequel s’est mêlé du fer qui donne aujourd’hui sa coloration jaune orangée.
Les pierres dorées portent bien leur nom ! Elles jouent avec les reflets du soleil et offrent une large gamme de couleurs ocres donnant son originalité aux 39 villages de cette contrée nommée le Beaujolais des Pierres Dorées.
Partout présentes, utilisées dans la construction des maisons et des châteaux, mais aussi des églises, des lavoirs, des puits et des murets, les pierres dorées dominent le paysage.
Jadis, ces roches calcaires étaient extraites de carrières situées dans le sud du Beaujolais. Elles furent exploitées jusqu’à la Première Guerre mondiale. Comme pour toutes les autres carrières, leur déclin est dû à l’utilisation progressive du ciment et à l’arrivée du train qui permettait de se fournir dans d’autres régions à moindres coûts. Seules quelques rares carrières en exploitation subsistent en Beaujolais dont celle des ciments Lafarge à Saint Jean des Vignes qui gère une vente de pierres dorées à destination des habitants des communes du pays des pierres dorées. Cette carrière a permis d'extraire tellement de fossiles contenus dans les strates de roches sédimentaires caractéristiques de la région, lorsque celle-ci était recouverte par la mer il y a des millions d'années, qu'un musée dénommé Espace Pierres Folles a pu être ouvert sur le site pour permettre de découvrir toute la richesse géologique de la région et ses fossiles, richesse reconnue par le label GEOPARC attribué par l'UNESCO au territoire du Beaujolais depuis 2018.
Sur le sentier géologique de l'Espace Pierres Folles inauguré par Haroun Tazieff en 1988 on peut y observer le phénomène de stratification, un ensemble de roches se présentant sous la forme de couches ou bancs empilés les uns sur les autres. On peut trouver des empreintes de pas de reptiles ayant vécu il y a 245 millions d'années et des traces d'une faune comme des huîtres ou gryphées, des moules de grande taille (plagiostromes), des ammonites, des bélemnites et des lys de mer (pentacrines) datant de 195 millions d'années.
Cette spécificité géologique a bien sûr une influence sur le vin produit en Beaujolais. Le Beaujolais fait partie de la région viticole de Bourgogne, mais ses vins doivent être considérés à part. L’ancienne voie romaine, qui suit les vallées du Rhône et de la Saône, a véhiculé des soldats romains vers la région à partir du 2ème siècle. Il existe des traces de vignobles romains sur la Côte de Brouilly, appelés Brulliacus par les Romains, ainsi qu’à Morgon.
Comme souvent dans les vignobles de France, les moines, à partir du 7ème siècle, ont su maintenir et développer le vignoble après la retraite des Romains. A cette époque, la région de Beaujolais, dont le nom tire son origine de la ville de Beaujeu était intégrée au Duché de Bourgogne.
Une identité spécifique pour les vins de la région s’est développée à partir du 14ème siècle, lorsque Philippe le Hardi, alors Duc de Bourgogne, a banni le cépage Gamay de la partie septentrionale de la Bourgogne. Le Gamay a trouvé refuge en Beaujolais, région dont les sols argilo-calcaires, bien plus propices à la culture de ce cépage que ceux de la Côte d’or, ont donné des vins fleuris et assez légers, les Beaujolais et Beaujolais village rouges et le Beaujolais blanc issu du cépage Chardonnay. Au nord de la région, où le terroir est plus marqué par le granit et le manganèse, les vins sont plus corsés et structurés et ont donné les crus du Beaujolais : Brouilly, Côte de Brouilly, Chénas, Fleurie, Juliénas, Chiroubles, Morgon, Moulin-à-vent, Régnié, Saint Amour.
Le voisinage de la ville de Lyon a toujours fourni un marché important aux vins du Beaujolais, mais, jusqu’aux années 50, ils ne furent que peu connus en dehors de la région. La tradition qui consiste à boire les vins dans leur prime jeunesse s’est perpétuée pour les vins du beaujolais, légers et fruités. En 1951 a été donnée l'autorisation, sous certaines conditions, de commercialiser les vins nouveaux d'appelation d'origine beaujolais avant le 15 décembre, contrainte qui existait jusque là. En 1967 la date de commercialisation a été avancée au 15 novembre. Après 1985 s'est développé le Beaujolais Nouveau à la renommée devenue mondiale avec sa sortie commerciale festive à compter du 3 ème jeudi de novembre.
Au fil des rénovations que nous avons entreprises, il nous a paru essentiel de préserver ce patrimoine du beaujolais.